Série "érosion côtière" #1 : Mieux comprendre le risque d'érosion côtière et ses implications

25 mars 2023

Publié sur la page LinkedIn du Generali Climate Lab le 21 mars 2023

On associe souvent l’érosion à de nombreux phénomènes comme la submersion marine, le recul du trait de côte, une perte de territoire ou encore des effondrements. Par définition, l’érosion est une perte de matériaux (sol ou roche) sous l’action de dynamiques naturelles (pluie, vent, vague, courants, gravité…). Elle peut se manifester différemment selon le type de côte : par des décrochements de roches sur les falaises (haute côte) ou par un mouvement des côtes sableuses (basse côte). Ainsi, consécutivement à un phénomène d’érosion, la surface de terre diminue au profit de la mer et la limite entre ces deux milieux se déplace : c’est le recul du trait de côte.

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Cartographie de l’indicateur national de l’érosion côtière (Cerema, 2018).

La France, par ses nombreuses façades maritimes, est particulièrement exposée au risque d’érosion côtière. En effet, si 15% des côtes françaises avancent sur la mer (ex. création de digues ou de ports), le Cerema (Centre d’étude et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement) estime qu’¼ des côtes françaises ont reculé ces 50 dernières années. Ce phénomène naturel est présent dans différentes proportions dans tous les départements. Les plus touchés (dont les côtes ont reculé d’au moins 50 %) sont la Seine-Maritime (76), la Charente-Maritime (17), la Gironde (33) et l’Hérault (34). Tous disposent de sols sableux, argileux et/ou calcaires : des sols très friables, donc plus vulnérables au risque d’érosion. A l’inverse, les moins touchés (moins de 10 % de recul) sont les quatre départements bretons (Côtes-d’Armor, Ille-et-Vilaine, Morbihan, Finistère), la Loire-Atlantique (44), la Corse-du-Sud (2A), la Martinique (972) et Mayotte (976) : ceux-ci disposent de sols granitiques, peu lessivés et/ou dessalés (pour en savoir plus : Carte des sols - Geoportail).

L’érosion côtière est due à des dynamiques naturelles d’ordre morphologique et météorologique.

La première, qui se dessine sur le long terme, peut notamment être due à des sols à faible stabilité structurale comme les cordons dunaires, à de fortes pentes ou encore à l’absence de couverture végétale protectrice (ex. retrait de mangroves, nettoyage des plages, déforestation…).

La deuxième quant à elle vient amplifier les dynamiques morphologiques à l’œuvre, et ce d’autant plus dans le contexte du changement climatique. Pour cause, l’augmentation des températures atmosphériques (+1,1°C entre 1900 et 2020) induit une élévation du niveau des mers et des océans (+23cm depuis 1880 dont +9,8cm entre 1993 et maintenant, NASA) en raison de la fonte progressive des glaciers et de l’expansion thermique des eaux (captation du CO2 et de la chaleur de la Terre ; + 0,88°C selon le GIEC, 2023). Or cette élévation du niveau de la mer « facilite » le phénomène de submersion marine, par exemple sous l’effet du vent ou de la houle, puisque l’altitude différentielle diminue. De plus, le recul du trait de côte est renforcé par des événements météorologiques qui se veulent de plus en plus fréquents et extrêmes et viennent affecter le littoral de manière plus marquée et plus ponctuelle, notamment sous l’effet du passage de phénomènes tempétueux (pour plus de détails concernant les tempêtes qui peuvent accentuer ce phénomène, n’hésitez pas à consulter nos conseils de prévention). Le taux d’érosion présent sur un territoire dépend donc très fortement de la nature de son sol et du climat.

Cette amplification du phénomène d’érosion par le réchauffement climatique interroge plus que jamais la vulnérabilité des populations implantées sur le littoral – elles-mêmes qui ont contribué à la fragilisation des milieux côtiers (artificialisation des sols, urbanisation…).

Ainsi, si à ce jour, 60% de la population mondiale habite en zone littorale (Nations Unies) par ailleurs très prisée pour d’autres activités pendant les périodes estivales (commerces et activités balnéaires…), près d’1 milliard de personnes seront exposées au risque de submersion marine et de montée des eaux d’ici à 2050 selon l’ONU (GIEC, 2022). 

L’érosion est donc un phénomène complexe de perte de matériaux littoraux, conséquence de l’action de dynamiques naturelles. Les activités anthropiques, fortement implantées sur la basse comme la haute côte, ont fragilisé les espaces exposés. Elles ont aussi, sous l’effet de l’actualité du changement climatique, participé à la médiatisation de l’aléa notamment lors d’impressionnants effondrements de maisons situées sur le cordon littoral européen. Le changement climatique vient donc s’ajouter à la liste des facteurs d’accélération de l’érosion et interroge à présent les moyens d’accompagner les populations en danger et d’atténuer ses effets. Ces deux dernières questions feront l’objet de notre prochain article sur notre série « érosion » de 3 épisodes.