Santé mentale : pourquoi les publics les plus vulnérables restent-ils encore hors des parcours de soin ?

22 octobre 2025
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En France, les enfants pauvres ont 20 % de risques supplémentaires de souffrir de troubles anxieux ou dépressifs et 80 % des mères seules sans emploi vivent sous le seuil de pauvreté. Malgré ces données alarmantes, leur santé mentale reste encore invisible dans le débat public.

En 2025, la santé mentale est déclarée Grande Cause nationale. Une mobilisation salutaire, mais qui n’intègre pas suffisamment la réalité des publics vulnérables : les enfants vivant dans la pauvreté, les femmes isolées, ou encore les réfugiées. 

La pauvreté, l’isolement, l’instabilité du logement ou les parcours migratoires ne sont pas des contextes neutres. Ce sont des facteurs aggravants de souffrance psychique. Les plus modestes sont 2,5 fois plus touchés par la dépression. Pourtant, ceux qui en ont le plus besoin sont souvent les plus éloignés des parcours de soin. Méfiance, manque d’information, barrières culturelles ou administratives, désertification médicale : autant d’obstacles qui rendent l’accès à l’accompagnement psychologique difficile, voire impossible.

 

Les femmes en première ligne

Parmi ces publics vulnérables, il faut rappeler que les femmes sont en première ligne. Elles élèvent leurs enfants dans des conditions d’épuisement, de solitude et de précarité extrême.

Les femmes réfugiées quant à elles, ont souvent subi des violences spécifiques durant leur parcours migratoire (violences sexuelles, mariages forcés, mutilations, traite). Une fois en France, elles se heurtent à l’isolement, au déclassement professionnel, à la précarité administrative. Elles sont 55 % à être inscrites au chômage, contre 33 % des hommes réfugiés, et 90 % de celles en emploi travaillent à temps partiel, souvent subi.

Cette précarité structurelle se double d’une insécurité physique : près d’une femme réfugiée sur quatre déclare avoir été victime de violences sexuelles dans l’année suivant son arrivée en France, un taux 185 fois supérieur à celui de la population générale.

 

L’inclusion sociale et économique, un levier puissant de santé mentale

Face à ces réalités, les associations jouent un rôle décisif. Ce sont elles qui vont vers les femmes et familles « hors des radars », qui recréent du lien, qui accompagnent vers la reconstruction. Grâce à leur ancrage local, elles permettent de sortir de l’isolement, de retrouver confiance, de se projeter.

The Human Safety Net, fondation du groupe Generali, soutient en France des acteurs engagés comme La Croix-Rouge française, Les Restos du Cœur, les Apprentis d’Auteuil qui développent des lieux de répit, des ateliers de parentalité, ou Singa, La Ruche et Kodiko avec des parcours des réfugiés vers l’emploi et l’entrepreneuriat.

Ensemble, nous croyons que l’inclusion sociale et économique est un levier puissant de santé mentale.

Depuis 2017, des milliers de familles en situation de précarité et personnes réfugiées ont été accompagnées dans leur reconstruction. Ce sont autant de trajectoires humaines transformées.

La santé mentale ne se joue pas uniquement dans les cabinets médicaux. Elle se construit aussi dans le quotidien, dans le lien, dans la reconnaissance.

Si nous voulons une société plus forte, commençons par inclure celles et ceux que nous avons laissés de côté.

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